Hadrupoésie ou la renaissance poétique d’Hadrumète

Par Mansour M’henni
Le premier novembre 2025 a eu lieu l’édition inaugurale d’Hadrupoésie (حضرشعر) dans un restaurant au centre de l’agréable ville de Sousse, une édition inaugurale qui nous paraît réussie à plus d’un titre. L’idée est inspirée d’une rencontre du même genre intitulée « Paris-Poésie » et initiée en mai 2024 à Paris par la poétesse belge Geneviève Guevara. Le premier anniversaire de cette rencontre parisienne a été fêté dans un restaurant au centre le la Capitale française, situé entre l’hôtel de Ville et Châtelet-Les Halles. Ayant été invités à participer à cette fête, trois universitaires et poètes tunisiens (Faouzia Dhifallah, Saad Borghol et Mansour M’henni) ont été séduits par l’idée et ont décidé de lancer une manifestation pareille à Sousse, de par leur appartenance à trois structures au moins de la société civile culturelle et intellectuelle : l’Association pour la Culture et les Arts Méditerranéens (ACAM), l’association Brachylogia et l’Union des Ecrivains Tunisiens (UET, section de Sousse). Cette petite équipe nodale, fondatrice de l’événement de Sousse le 1er novembre, (encouragée par le Directeur général de Jawhara FM-TV), a forgé pour cette manifestation le nom de « Hadrupoésie » dont on devine la symbolique et les connotations.
Ce qui nous important ici, c’est justement d’inviter à l’interrogation de cette symbolique et de ses connotations. D’abord, redonner à la poésie son rôle fondateur et la sortir d’une perception exclusivement lucrative ou narcissique, même si cette dernière est à prendre en considération et à repenser dans le sens d’une revalorisation simultanée de l’affect et de l’intellect, tous deux ayant un rôle axial dans le développement de l’intelligence créatrice.
Ensuite, il y a cette idée d’inscrire le développement dans un progrès qui n’insulte pas le passé, mais qui s’en inspire pour éclairer l’avenir. On retrouve alors dans Hadrupoésie une sorte de révision de l’idée du « Duellum » (baudelairien ?) de défi et de croisement des épées, en faveur du principe conversationnel. Le duel devient alors une marche commune où l’accompagnement conversationnel pousse à la révision de soi plutôt qu’à une domination de l’autre.
Ainsi, l’idée de commerce, souvent attribuée à la poésie comme un handicap, reprendrait son sens étymologique en français, celui de converser et nous rappelle le commerce muet, « le troc muet », pratiqué par nos ancêtres les Phéniciens. À ce propos, les initiateurs de Hadrupoésie inscrivent leur projet dans l’espace large de la Nouvelle Brachylogie, avec sa démarche conversationnelle pour une nouvelle vision de l’idéal démocratique, mais le situent également dans la construction lente et ambitieuse du concept de La Méditerranéité, comme une vision du monde et des rapports humains, inspirée certes d’idées méditerranéennes mais pouvant trouver sa concrétisation dans l’espace international le plus étendu. De là l’idée de faire de l’esprit de cette rencontre une intelligence itinérante, née à Paris d’une conversation franco-belge, transposée à Sousse par une conversation entre les deux rives de la Méditerranée, mais nourrie de l’ambition d’une itinérance cosmique.
Des séances d’évaluation et de prospection montrerons sans doute combien ce concept est riche et prolifique. Il fait l’effet d’une vraie invitation à converser en poésie, par la poésie, pour un avenir humain brillant des meilleures couleurs de la poésie.











